Page:Abeille - Coriolan, 1676.djvu/45

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Madame. Elles avoient raſſuré mon courage :
Mais de Coriolan j’attendois davantage,
Nos cris autour de luy n’ont éclaté qu’en vain.


CAMILLE.

Le Volſque a dõc le cœur moins dur que le Romain :
Et ſi Coriolan vous paroiſt inflexible,
Aufide à vos ſoûpirs euſt eſté plus ſenſible ;
Et l’amour l’euſt rendu favorable à des pleurs,
Qu’avec ſi peu de fruit vous prodiguiez ailleurs.


VIRGILIE.

Helas ! ce n’eſt poïnt là ce que mes pleurs prétendent,
Madame : c’eſt un peu de pitié qu’ils demandent,
Je ne veux qu’obtenir au nom des Immortels,
Qu’on ne les vienne point chaſſer de leurs autels ;
Qu’on nous laiſſe arroſer de larmes impuiſſantes
Les cendres de nos murs encor toutes fumantes ;
Et qu’on en abandonne à la Poſterité,
Ces reſtes pour témoins que nous avons eſté.


CAMILLE.

Peut-eſtre pourrez-vous obtenir davantage,
Et voſtre liberté vous en eſt un preſage.
Je vous la rends.


VIRGILIE.

Apres cet excez de bonté,
Dois-je…


CAMILLE.

Vous me devez quelque ſincerité,
J’attends cela du moins de voſtre complaiſance.
Avoüez-le. Un deſſein autre que l’on ne penſe
Vous fait accompagner les Veſtales icy ;
Et Rome ne fait pas voſtre plus grand ſoucy.


VIRGILIE.

Moy ! qu’un autre intereſt…