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Scène III



CORIOLAN, CAMILLE.
CAMILLE.


OU je me trompe fort, ou je lis dans vos yeux,
Seigneur, à quel deſſein vous venez en ces lieux.
Pour un ſexe innocent voſtre cœur s’intereſſe.


CORIOLAN.

Madame, je veux bien avoüer ma foibleſſe :
Il eſt vray, je n’ay veu qu’avec quelque douleur
Mes ordres obſervez avec tant de rigueur :
Les Romaines au moins devoient eſtre exceptées.


CAMILLE.

Soyez donc en repos, on les a reſpectées.
J’ay prevenu vos ſoins. On leur va de ma part
Porter en ce moment l’ordre de leur départ.
En eſt-ce aſſez ?


CORIOLAN.

Apres cet effort de clemence,
Madame, attendez tout de ma reconnoiſſance.
C’eſt à moy de haſter l’effet de vos bontez,
Je vous quitte : & j’y cours.


CAMILLE.

Non, Seigneur, arreſtez.
De grace enviſagez ce que vous allez faire.
C’eſt aigrir les ſoupçons d’un peuple temeraire,
Qui vous croira toûjours favorable aux Romains,
S’il vous voit luy ravir ſes captives des mains.