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Scène III



CORIOLAN, ALBIN.
CORIOLAN.


MAis, ô Ciel ! d’où luy vient cette ſubite joye ?
Sous quel eſpoir, Albin, m’ouvre-t-il cette voye ?
Penſe-t-il enlever Virgilie à mes ſoins ?
Non non, c’eſt là de luy ce que je crains le moins.
Elle-meſme en ce lieu m’accablant de ſes plaintes,
Tantoſt à ſon égard a raſſuré mes craintes ;
Et ſi je la dois croire au ſujet d’un rival,
C’eſt l’amour d’un Romain qui doit m’eſtre fatal.
Cependant à le voir ſi plein de confience,
Il ſemble avoir ſur moy gagné la preference.
Il me brave, il me traite en amant negligé.


ALBIN.

Quoy ? Seigneur, Virgilie auroit-elle changé ?
Les nouvelles rigueurs qu’il exerce ſur elle
Sont de foibles attraits pour faire une infidelle.
Aufide comme vous inexorable…


CORIOLAN.

Ô Dieux !
Quel abiſme de maux ſe preſente à mes yeux ?
Mais ſi dans les travaux qu’entraiſne la victoire,
Las de tant de longueurs, dégouſté de la gloire,
Aufide à Virgilie avoit enfin promis
De traitter deſormais les Romains en amis ;