Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/152

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lois, au-dessus de la morale. Nietzchéîsme féministe ou pure plaisanterie ?

Cornélius Agrippa daigne d’ailleurs redescendre du ciel, et il constate des faits : la femme a été impératrice, prophétesse, papesse, philosophe, jurisconsulte. Donc elle est capable de toute science et s’y escrimera fort bien, pour peu qu’on ne lui interdise pas les fruits nouveaux de l’arbre de science.

Supérieure par la volonté divine, et pourvue d’un naturel génie capable d’exercer tous les offices, c’est par la seule méchanceté des hommes qu’elle en peut être exclue. Nettement Cornélius Agrippa revendique pour les femmes l’exercice de toutes les professions judiciaires, ecclésiastiques, universitaires, d’où elles ne sont chassées que par la force, et comme dans la guerre les vaincus cèdent aux vainqueurs.

Se plaçant sur un terrain plus solide, Érasme se contente de demander pour les femmes l’instruction supérieure : non qu’il veuille les gratifier du bonnet doctoral ou de la toge judiciaire, mais pour les préparer à leur rôle de mères, c’est-à-dire d’institutrices de la Jeunesse des nations, et comme la plus sûre garantie de leur vertu.

Voici enfin, d’une portée plus générale que les théories pédagogiques d’Érasme ou les revendications politiques des princesses de Valois, et autrement positif que les nuageuses constructions de Postel ou d’Agrippa même, le plaidoyer de Modesta Pozzo. La patricienne de Venise, dont d’un vieux livre poussiéreux surgit le masque énergique, — figure osseuse, traits durs, vaste front sous les cheveux relevés en cornes, — fut d’abord un célèbre auteur d’idylles et de pastorales ; elle mit au service