Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/159

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« L’infériorité des femmes ! s’écrie le chevalier Pierre de l’Escale, champion du beau sexe et qui, en réponse aux diatribes d’un farouche misogyne, oppose à l’Alphabet de l’imperfection du sexe l’Alphabet de la perfection[1], mais elle vient de l’inégalité d’éducation. Les hommes fréquentent les collèges, les universités et, par des voyages, forment leur jeunesse… les femmes ne bougent de chez elles, non plus que tortues. Étonnons-nous donc qu’elles soient moins instruites que nous ! »

Innombrables d’ailleurs sont, au début du dix-septième siècle, en cette époque qui vit surgir tant de hautes individualités féminines, les panégyriques des femmes, innombrables les écrivains des deux sexes qui s’amusent à prouver la supériorité de la femme sur l’homme.

Et ceci ne peut être que jeu littéraire. Comment prendrait-on au sérieux de si évidents paradoxes, et quelle conclusion pratique en tirer ? Aucune, évidemment, si ce n’est que les adversaires du sexe sont des cuistres grossiers, qui d’ailleurs renvoient la balle à leurs contradicteurs.

Mais voici deux esprits très modernes, bien inégaux d’ailleurs d’envergure, et qui posent avec netteté le problème féminin : une disciple de Montaigne, un disciple de Descartes.

Fille d’alliance de notre grand et charmant sceptique, auquel elle ressemble si peu, masculine

  1. Forme littéraire en usage au début du dix-septième siècle.

    L’un démontre que les femmes sont Avares, Bavardes, Méchantes, Querelleuses ; l’autre qu’elles sont Bonnes, Chastes, Fidèles, Prudentes.