Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/162

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plaisanteries les femmes savantes. Car il consacre tout un ouvrage à démontrer que les femmes doivent apprendre géométrie, physique, philosophie, théologie et que, tout comme les hommes, elles y doivent réussir. « Ainsi, dit Poulain de la Barre, les deux Sexes sont égaux devant les lumières. » Mais à quoi vont servir aux femmes ces lumières ? À élever leur cœur, à orner leur esprit ? Certes, et c’est là — puisque enfin l’auteur s’adresse à des femmes nobles, à de riches bourgeoises dégagées de toute préoccupation matérielle — le but essentiel. Mais qui les empêche de se servir, et de leurs éminentes aptitudes, et des connaissances acquises « pour la conduite des autres » ? Et voilà Poulain de la Barre qui, abandonnant la théorie, se lance, avec une logique rigoureuse et convaincante, sur le terrain de fort précises revendications. Les femmes ? mais elles doivent être, par leur patience, par la clarté de leur esprit, des professeurs remarquables. Que, faisant litière d’un préjugé absurde, on les revête du bonnet de docteur et qu’elles enseignent dans les collèges et les Universités… Leur douceur, leur propreté, leur vigilance font d’elles les gardes-malades idéales. Qui empêcherait qu’elles fussent médecins ? La subtilité de leur esprit, leur aptitude à saisir les vérités les plus abstruses, les raisonnements les plus délicats pourront faire d’elles des flambeaux de la théologie et, pourquoi pas ? des prêtresses. Car « la foi leur est commune avec nous, et les promesses de l’Évangile ne s’adressent pas moins à elles qu’à nous ».

Science et subtilité, voilà qualités suffisantes pour exercer « les charges de judicature » ; rien n’empêche les femmes d’être avocat et magistrat.