Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/213

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ci ne sont que deux aspects de l’Être[1] et, dès lors, pas de raison de mépriser la chair aussi noble que l’esprit.

La réhabilitation de la chair, l’une des parties essentielles de la doctrine, conduit à la réhabilitation de la femme. Car, pour le christianisme, dont toutes les idées prévalent en notre société, la femme n’est-elle pas un être plus matière qu’esprit, et n’est-ce pas cette grossièreté essentielle qui justifie son assujettissement ? Ennemi du christianisme, le saint-simonisme veut faire tomber toutes les chaînes, celles qui chargent la femme comme celles qui chargent le prolétaire.

Religion mystique enfin, le saint-simonisme ne laisse pas de faire à l’amour une place prépondérante : Heureux ceux qui aiment ! L’amour n’est-il pas la « vie dans son unité ?… L’intelligence, la force ne sont que des modes de sa manifestation. Toute théorie, toute pratique émanent de lui. » Que ceux qui aiment commandent ! mais les qualités affectives ne prédominent-elles pas chez la femme ? S’ils avaient été entièrement logiques avec eux-mêmes, les saint-simoniens devaient, tels certains gnostiques, s’assujettir eux-mêmes à l’obédience féminine. Ils n’allèrent pas jusque-là, mais du moins prêchèrent-ils avec ardeur l’émancipation.

  1. Cf. notre ouvrage : Le Féminisme sous la monarchie de Juillet et en 1848.