Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Les apôtres. — Parmi eux, quelques curieuses figures : Enfantin. Le père Enfantin, pour l’appeler comme ses fidèles, et qui fut le dépositaire qualifié de la pensée du maître, allia, d’une façon étrange mais assez fréquente chez les saint-simoniens, le mysticisme et un esprit très positif, voire scientifique. Le féminisme qu’il prêche, qu’il essaye de réaliser pendant sa jeunesse, est pour lui comme l’aspect le plus passionnant d’une sorte de vie de bohème qu’il mène avant de se tourner — ce qu’il fera à partir de 1834 — vers les grandes entreprises économiques. Convaincu ? Oui, jusqu’à un certain point… Mais, comme tant d’autres, il estime que le culte doit nourrir le prêtre ; et d’ailleurs il ne demande au culte saint-simonien qu’une nourriture amoureuse. Comme il est doué d’une belle prestance et d’un agréable visage, ses sœurs en Saint-Simon ne lui ménagent pas leurs faveurs. Heureux lorsque, dans ces assemblées générales où l’on met à nu son âme, elles ne dévoilent pas toutes leurs fautes à la barbe des maris trompés[1].

À côté d’Enfantin, d’autres physionomies non moins originales compléteraient la galerie :

Claire Démar, qui, convaincue de l’injustice du mariage, s’en affranchit pour son compte et, n’ayant pas trouvé dans l’union libre le bonheur rêvé, paya son erreur de sa vie ; et le suicide de cette jeune femme ennoblit d’une ombre tragique des ouvrages

  1. Ainsi fit, par exemple, la femme de l’un des frères Bazard,… qui dès lors garda rancune à l’apôtre.