Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Allart de Méritens, sont des bourgeoises et ne visent qu’à constituer, par l’adjonction des femmes, un pays légal un peu plus étendu. Elles adjurent bien Louis-Philippe de se déclarer « roi des Françaises comme il est roi des Français ». Mais cette satisfaction, toute platonique, accordée à la masse des citoyennes passives, seules les femmes qui possèdent la fortune leur permettant d’acquitter les contributions élevées exigées des hommes par la loi électorale pourront être électrices et éligibles. À la ploutocratie masculine qui tient les destinées du pays s’adjoindra une ploutocratie féminine.

Aux bourgeoises également l’exercice des professions masculines qui exigent des études longues et coûteuses. Les revendications féminines se portent en effet surtout vers ces professions, dites libérales, qui assurent dans la société une large influence, la considération publique, et qui ouvrent la porte des honneurs. Aussi la Galette réclame-t-elle avec insistance le droit d’être docteurs et, le 1er  janvier 1838, après avoir consacré à cette question de nombreux articles, Mme  de Mauchamps dépose sur le bureau de la Chambre une pétition tendant à ce qu’en vertu des articles 2 (contribution égale de tous aux charges de l’État) et 3 (admissibilité de tous à tous les emplois) de la Charte, les femmes soient admises dans les cours publics et, après examen, reçues docteures en médecine.

Comme le bonnet doctoral, nos féministes veulent revêtir la robe d’avocate, et ces idées sont assez répandues pour que, lors de son célèbre procès, Mme  Lafarge, déclarant que « nul homme ne pouvait avoir sa confiance entière », demande à être défendue