Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/318

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boration, considèrent les situations acquises par les femmes comme provisoires, prétendent refermer sur elles, à la paix, les portes du gynécée et se refusent obstinément à consacrer les modifications de fait de leur situation par des changements législatifs.

Le renouveau de la propagande féministe. — Aussi, après une période pendant laquelle les féministes de tous pays, et jusqu’aux farouches suffragettes, ont communié, elles aussi, dans l’union sacrée et dérivé toute leur propagande vers des buts patriotiques, le sentiment de l’intérêt particulier se réveille chez les féministes comme au sein de tous les partis. Et une nouvelle phase de l’agitation féministe commence. « Bientôt, dit une Américaine dont le beau livre est un hymne à la gloire de son sexe, bientôt des voix se font entendre, voix des soldats, voix du mutilé, voix du convalescent, voix de l’aveugle, et toutes ces voix répètent les mêmes paroles : les femmes ont été admirables, il faut les affranchir[1]. » Les organisations féministes, naturellement, se chargent de recueillir et d’amplifier ces voix. En France, elles s’agitent pour obtenir au moins le suffrage municipal ; un groupe parlementaire les appuie et reprend les propositions Dusausoy et Buisson avec l’espérance de les faire aboutir. Dans les milieux politiques anglais, où suffragistes et suffragettes ont repris, non sans la modération que les

  1. Dagget. Women Wanted (les Femmes à l’aide).