Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/330

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prend part à toutes les batailles dans les bois d’Augustowo où elle est gravement blessée.

Le courage de Mlle Tkachova pour se manifester d’une façon différente, n’est pas moins grand. Celle-ci est une émule des vaillantes postières de France. Téléphoniste à la gare de Novorossisk elle reste à son poste pendant tout le bombardement de la ville bien que les obus sifflent et éclatent sans cesse. Quand le plus fort du bombardement fut passé et que les habitants commencèrent à revenir en ville, elle téléphona à son chef pour qu’on la relevât. Celui-ci, tout surpris d’une bravoure qui avait maintenu, presque seule dans la ville la jeune fonctionnaire à son poste, demanda et obtint pour elle une récompense officielle.

Pendant la même campagne, lorsque la Galicie presqu’entièrement conquise, voit arriver les Russes aux portes de Cracovie et au-dessus de la plaine hongroise, des femmes encore suivent les armées de Radko Dimetief et du grand duc. Ce sont d’abord les douze jeunes filles que, d’un commun accord nous avons vu revêtir l’uniforme dès la mobilisation. Novices d’abord, elles se sont peu à peu, grâce à leur ardeur patriotique, grâce à la bonne volonté de leurs chefs, grâce à la discrétion de leurs compagnons d’armes qui s’observent en leur présence, familiarisées avec le métier militaire. Chacune a pris un nom d’homme ; elles ont presqu’oublié leur ancienne personnalité. Soldats comme les autres, elles remplissent le service des combattants de ligne, manient habilement le fusil et ne se rebutent pas devant une périlleuse mission.