ves, c’est-à-dire des hommes qui ne s’appartiennent pas à eux-mêmes et qui sont comme les mains, les bras et les pieds d’une autre tête. La première fois qu’un vainqueur, par satiété ou par fatigue, n’a voulu ni manger ni égorger son vaincu, il lui a dit : « Je te laisse la vie, à condition que tu vivras pour moi. Ton travail m’appartient ; tout ce que tu produiras sera ma chose, y compris tes enfants, s’il me plaît de t’accoupler. Entre dans cette étable d’hommes et attends-y tes compagnons ! » Songez que cette noble France où nous nous honorons d’être nés n’a aboli le servage sur son territoire qu’en 1789, et l’esclavage dans ses colonies qu’en 1848. Rappelez-vous que la servitude est encore une institution florissante dans quatre parties du monde sur cinq, et conservée dans un coin de la cinquième.
La production de l’esclave est arbitrairement déterminée par le maître. C’est le maître qui lui dit : Tu cultiveras la terre ; ou : Tu tourneras une meule ; ou : Tu feras l’éducation de mes fils.
La consommation de l’esclave est réglée par le maître : « Voici ton vêtement pour l’année et ta ration pour la journée. »
D’échange, entre le maître et l’esclave, il n’en est pas question. L’un ne doit rien, l’autre doit tout.
Entre la servitude absolue et la liberté absolue,