Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/114

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tient à rester en place, il ne doit pas s’arrêter une minute. Le pays marche, bon gré, mal gré. Précédez-le, si vous avez de bonnes jambes ; suivez-le en arrière-garde, si vous ne pouvez mieux faire, mais ne vous endormez pas sur la route : tous les gouvernements traînards se sont perdus. Ces idées semblent être admises, non-seulement parmi nous autres gens du peuple, mais encore en assez haut lieu. La résistance se produit dans la région intermédiaire. Essayez-donc de faire démarrer l’homme en place ! Il n’a qu’une idée : rester où il est jusqu’à ce qu’un heureux hasard ou la force inerte de l’ancienneté lui procure un avancement. Il sait qu’on ne le destituera jamais pour avoir maintenu le statu quo autour de lui, mais qu’on s’expose en voulant trop bien faire. En émettant une idée nouvelle, il craindrait de se compromettre ; il est d’ailleurs admis dans cette vieille garde que l’initiative est un luxe interdit aux administrateurs.

Cependant, je vois poindre une nouvelle école. Il s’est glissé quelques jeunes gens dans les sous-préfectures, et ceux-là se lancent volontiers à la chasse du mieux en dépit du dicton : « Qui va à la chasse perd sa place. »

À la tête de cette jeune garde, on commence à signaler le sous-préfet de Saint-Jean-d’Angély. Je ne vous le donne pas pour le plus rassis de nos administrateurs, mais c’est un homme. Simple con-