Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/307

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Le labeur de la femme n’est pas plus sacré que le vôtre ; c’est impossible. Mais il est encore plus méritoire, la femme étant plus faible et moins bien organisée.

Il serait à souhaiter qu’elle pût vivre à la maison et laisser l’atelier aux hommes. C’est ce qu’elle fait d’ailleurs toutes les fois qu’elle le peut. Mais chaque femme n’est pas assez heureuse pour avoir un mari qui travaille pour elle : il y a des veuves ici-bas. Qui sait si vous n’en laisserez pas vous-mêmes ?

Souhaitez-vous qu’une corporation d’hommes forts par eux-mêmes, fortifiés encore par l’association, vienne leur ôter le pain de la bouche ?

Dans toutes les industries, dans tous les arts, l’homme civilisé partage le travail avec la femme. L’homme ne se plaint pas, quand même il voit la femme travailler au rabais. Je vois par ma fenêtre un journalier et une journalière qui piochent côte à côte dans le même jardin. L’homme est payé deux francs par jour, la femme un franc. Ils ne sont point jaloux l’un de l’autre. L’homme qui a deux francs n’accuse pas la femme d’avilir le prix du travail. Tous les matins ils arrivent ensemble de leur village, tous les soirs ils y retournent à travers la forêt, et pourtant jamais l’homme n’a pensé à tordre le cou de la femme. Voudra-t-on le croire à Paris ?

Les femmes ne cultivent pas seulement les jar-