Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/308

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dins ; nous en avons plusieurs dans la littérature ; Mme  Sand, entre autres, qui est, vous le savez, le plus grand écrivain de notre temps. À côté d’elle, c’est-à-dire au-dessous, il y a de beaux talents féminins, et même de petites gloires. Mme  Sand et les autres écrivains de son sexe font juste le même tort à notre industrie que les ouvrières de M. Crété ou de M. Dupont peuvent faire à la vôtre. Elles prennent dans les journaux et les revues une place que nous pourrions bien réclamer, car nous aussi nous sommes les plus nombreux et les plus forts. Elles partagent les éditeurs avec nous, les théâtres avec nous, le public avec nous, le succès avec nous, le pain même, et vous savez que plus d’un homme de lettres a manqué de pain dans Paris. Que diriez-vous de nous, chers collaborateurs de la typographie, si nous mettions en interdit les revues, les journaux, les librairies et les théâtres qui publient le travail des femmes ? Ce serait une grève générale. Pour le plaisir d’affamer quelques femmes, dont l’une, André Léo, signe ses livres du nom de deux enfants qu’elle nourrit, nous cesserions d’écrire, ou du moins de faire imprimer ?

Et que deviendrez-vous ?