Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/358

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L’enfant prodigue tombant aux pieds de son père obtiendrait vraisemblablement un accessit au concours de Rome : c’est le triomphe de la fadeur et de la banalité. Ce dessin jure étrangement avec la vieille légende qui l’entoure :

Laquais, cherchez des souliers
Et mettez-les à ses pieds ;
Cherchez dans ma garde-robe
Une bague pour son doigt,
Avec sa première robe,
Puisqu’il revient comme il doit.

De deux choses l’une : ou l’éditeur devait rester fidèle à la naïveté du dessin, ou il devait commander une autre légende à quelque élève de rhétorique. La nouvelle Judith d’Épinal est une tragédienne de la rue de la Tour-d’Auvergne. Que ferons-nous de la légende ?

Laissons ces pourceaux endormis ;
Le passage nous est permis.

Certes, l’éditeur est dans son droit lorsqu’il fabrique et fait vendre des tableaux de sainteté. Mais puisqu’il est animé du désir de bien faire, pourquoi ne pas exécuter une vingtaine de croquis d’après les tableaux des grands maîtres ? Il est certain que Raphaël, Titien, Paul Véronèse et Rembrandt perdraient quatre-vingt-dix pour cent de leur valeur sous la main des copistes ; mais le peu qui en res-