Page:About - Causeries, première série.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
CAUSERIES.

plus de la cour d’assises, l’intolérance religieuse, noblement représentée par quelques illustres vieillards, est encore plus noblement combattue par M. Delangle et par M. Langlais. C’est donc par un excès de prudence et un luxe de précaution que M. Renan, s’il a une doctrine, la dérobe aux yeux de ses lecteurs. Voltaire (que son nom soit loué !) courait bien plus de risques, et cependant il parlait plus net !

Je voudrais bien savoir, au demeurant, ce que M. Renan a gagné par ses réticences. L’ennemi ne le ménage pas plus que s’il avait déployé la franchise de Voltaire, et ses alliés naturels ne savent pas encore au juste s’il est avec eux. Vienne la mode des autos-da-fé dans cet ingénieux pays de France : ses équivoques et ses contradictions ne lui épargneront pas un fagot ; elles arrêteront les seaux d’eau par douzaines.

Heureusement on ne parle pas encore de rétablir l’inquisition. Je crois d’ailleurs que les Tuileries, le Corps législatif, et un petit nombre de sénateurs, voteraient contre. Mais l’esprit religieux est vivement surexcité autour de nous. Jamais, depuis cent ans, on ne s’est querellé de si bon appétit à propos de dogme. Si les contestants n’en sont pas encore venus aux coups, c’est la faute de la police.

Le tapage ne se concentre pas, comme on pourrait le supposer, dans la communion catholique.