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DE TOUTES LES OPINIONS.

Je dois dire que la sympathie des honnêtes gens, cette dernière consolation des opprimés, ne m’a pas manqué cette semaine. On prétend que le potier porte envie au potier et que les auteurs dramatiques se réjouissent quelquefois de voir tomber un confrère. Je proteste qu’Émile Augier, Ponsard, Barrière, Doucet, Sardou, Amédée Rolland, Plouvier, Decourcelle, Charles Edmond, Hector Crémieux, Ludovic Halévy, Théodore de Banville, MM. de Courcy père et fils, Édouard Martin, Delacour, Siraudin, Raymond Deslandes, et vingt autres, ont défendu ma pièce à la première représentation comme si elle eût été la leur. Ceux qui n’assistaient point à cette destruction m’ont écrit le lendemain ou sont accourus chez moi, comme Dumas fils, par exemple, qui est venu à Paris pour m’embrasser. Je me réjouis de n’avoir pas été assommé lundi soir et de pouvoir remercier ces braves cœurs de leur courageuse amitié.

Je n’avais pas la prétention de trouver dans mes confrères de la presse une sympathie universelle, ni même une impartialité absolue. Les petits moniteurs de la Bohème, non plus que l’Union et la Gazette de France, ne pouvaient se prononcer en ma faveur sans tirer sur leurs propres troupes. Mais là encore j’ai obtenu plus de justice que je ne devais en espérer. Non-seulement Théophile Gautier, Émile Perrin, Sarcey, Fiorentino, Saint-Victor, et dix autres m’ont traité avec amitié ou du moins avec bienveillance ; mais la critique la plus hostile s’est presque partout montrée loyale. Un seul journal, le Temps, m’a lancé le