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GAËTANA.

CARDILLO.

Il n’y a pas de quoi rire ! Songez plutôt à plaindre un fidèle serviteur qui s’est mis en frais de poésie pour fêter le retour de son maître, et qui, pour tout remercîment, se voit menacé d’une destitution.

LÉONORA.

Pas possible ?

CARDILLO.

Oui, mademoiselle Léonora, vous aurez la douleur de me perdre si nous ne trouvons pas là-dedans le secret de madame.

LÉONORA, retenant son bras.

Mais quel secret peut-elle avoir ?

CARDILLO, d’un ton solennel.

Un amant, peut-être.

LÉONORA.

Mon pauvre monsieur Cardillo ! vous me faites de la peine avec votre ton solennel ! Je ne sais peut-être pas ce que c’est qu’un amant !

CARDILLO.

Vous, mademoiselle Léonora ?

LÉONORA.

Oui. Un amant est un monsieur qui donne des pièces d’or aux femmes de chambre. Mais sachez qu’en trois mois je n’ai pas touché un sou de plus que mes gages. Donc, soyez persuadé que madame, n’a pas d’amant.

CARDILLO, va au coffret.

Monsieur sait ce qu’il dit, et c’est monsieur qui m’a fait l’honneur de me préposer à cette enquête.

LÉONORA, lui arrêtant le bras.

Comment ! C’est votre vieux jaloux qui vous a dit !… Rendez-moi mon coffret ! (Elle prend le coffret.) Je me haïrais comme un serpent, si j’avais eu le malheur de vendre madame à votre monsieur !

CARDILLO.

Et moi, je me mépriserais comme un « prostitué, » si je ne veillais pas à l’honneur de mon maître, (Il prend le coffret.)