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GAËTANA.

GAËTANA, froidement.

Je vous ai tout dit.

LE BARON, ironiquement.

Ah ! tant mieux ! Ainsi l’histoire se termine au baiser fraternel ?

GAËTANA.

Oui. monsieur.

LE BARON.

Vous en êtes bien sûre ? Alors, ma chère, votre amant n’est pas parti. On ne s’arrête pas en si beau chemin ; et les jeunes gens de notre siècle ne s’en vont jamais sur un baiser fraternel[1].

GAËTANA.

« Qu’est-ce à dire ?

LE BARON.

« De deux choses l’une : ou le beau Pericoli a obtenu plus que vous ne m’avez dit, et il s’enfuit à l’armée pour échapper aux conséquences de ses fredaines, ou vous l’avez laissé à la première page, et il restera ici pour achever le roman. Vous me le présenterez un de ces jours ; il s’invitera à dîner sans façon ; nous aurons en lui un compagnon inséparable, un ami à toute épreuve ; il prendra nos intérêts plus que nous-mêmes, et c’est lui qui se frottera les mains si Dieu nous envoie des enfants ! »

GAËTANA.

Je ne vous comprends plus, monsieur.

LE BARON.

C’est pourtant un chapitre de l’histoire universelle.

GAËTANA.

Je ne m’explique pas bien toutes vos paroles, mais quelque chose me dit qu’elles ont un sens outrageant pour moi. Quelle raison avez-vous de me faire honte ? J’étais libre de garder mes secrets, et je vous ai tout dit. Une femme de mauvaise foi agirait,

  1. C’est ici qu’un seigneur de la troisième galerie s’est écrié dans un accès de légitime indignation : « N’insultez pas la jeunesse ! » Ô petit Alcibiade d’estaminet ! combien de fois es-tu sorti des bals de M. Bullier ou des soupers de la rôtisseuse sur un baiser fraternel ?