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Page:About - Germaine.djvu/190

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sait d’une douce espérance et la forçait de croire à l’avenir. M. Brétignières tutoyait le petit marquis, l’appelait mon général, et le faisait sauter sur son genou. Il baisait galamment les mains de la malade, et la servait avec la dévotion d’un vieux page ou d’un troubadour en retraite.

Elle avait un admirateur d’une autre école dans la personne de M. Stevens, juge d’instruction à la cour royale de Corfou. Cet honorable magistrat employait aux soins de son corps un traitement de mille livres sterling par année. Vous n’avez jamais vu un homme plus propre, plus replet, plus nourri, plus luisant, une santé plus calme et mieux gorgée. Égoïste comme tous les vieux garçons, sérieux comme tous les magistrats, flegmatique comme tous les Anglais, il cachait sous la rotondité béate de sa personne une certaine dose de sensibilité. La santé lui paraissait un bien si précieux, qu’il eût voulu en faire part à tout le monde. Il avait connu le jeune Anglais de Pompeï, et il avait suivi de près les phases diverses de sa guérison. Il racontait naïvement qu’il avait éprouvé une sympathie médiocre pour ce petit être pâle et mourant, mais qu’il l’avait aimé de jour en jour à mesure qu’il le voyait revenir à la vie. Il était devenu son ami intime le jour où il avait pu lui serrer la main sans le faire crier. Ce fut l’histoire de sa liaison avec Germaine. Il évita de s’attacher à elle tant qu’il la crut