Page:About - Germaine.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« C’est une ville dans mon genre, dit-elle avec un sourire amer. Il est juste que les débris se consolent entre eux. » Il fallut la traîner pendant deux heures sur le pavé inégal de la ville morte. C’est une promenade délicieuse pour un esprit qui se porte bien. La journée avait été belle ; la nuit était presque tiède. La lune éclairait les objets comme un soleil d’hiver. Le silence ajoutait au spectacle un charme doux et solennel. Les ruines de Pompeï n’ont pas la grandeur écrasante de ces monuments romains qui inspirèrent de si longues phrases à Mme de Staël. C’est le reste d’une ville de dix mille âmes ; les édifices privés et publics y ont une petite physionomie provinciale. En entrant dans ces rues étroites, en ouvrant ces maisonnettes, on pénètre dans la vie intime de l’antiquité, on est reçu en ami chez un peuple qui n’est plus.

Vous trouvez là dedans un singulier mélange du sentiment artistique qui distinguait les anciens et du mauvais goût qui appartient aux petits bourgeois de tous les temps. Rien n’est plus plaisant que de découvrir sous la poussière de vingt siècles des jardinets pareils à ceux des Invalides, avec le jet d’eau microscopique, les petits canards de marbre et la statuette d’Apollon au milieu. Voilà le domaine d’un citoyen romain qui vivait de ses rentes en l’an 79 de l’ère chrétienne ! La gaieté champenoise du docteur s’ébattait doucement au milieu