Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/235

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tude de Pichon, Fougas ne savait à qui sauter au cou. De guerre lasse et pressé de courir sur le chemin de la fortune, il laissa une note au commissaire de police :

« Rechercher, sur les registres de l’État civil et ailleurs, une jeune fille appelée Clémentine Pichon. Elle avait dix-huit ans en 1813 ; ses parents tenaient une pension pour les officiers. Si elle vit, trouver son adresse ; si elle est morte, s’enquérir de ses héritiers. Le bonheur d’un père en dépend ! »

En arrivant à Berlin, le colonel apprit que sa réputation l’avait précédé. La note du ministre de la guerre avait été transmise au gouvernement prussien par la légation de France ; Léon Renault, dans sa douleur, avait trouvé le temps d’écrire un mot au docteur Hirtz ; les journaux commençaient à parler et les sociétés savantes à s’émouvoir. Le Prince Régent ne dédaigna pas d’interroger son médecin : l’Allemagne est un pays bizarre où la science intéresse les princes eux-mêmes.

Fougas, qui avait lu la lettre du docteur Hirtz annexée au testament de M. Meiser, pensa qu’il devait quelques remercîments au bonhomme. Il lui fit une visite et l’embrassa en l’appelant oracle d’Épidaure. Le docteur s’empara de lui, fit prendre ses bagages à l’hôtel, et lui donna la meilleure chambre de sa maison. Jusqu’au 29 du mois, le colonel fut choyé comme un ami et exhibé comme un phénomène. Sept photographes se disputèrent un homme si