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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

français, l’anglais et l’italien, et qui les mèneront, presque sans les voler, jusqu’à l’un des hôtels de la ville.

Huit heures après avoir quitté Syra, nous découvrions la plaine d’Athènes. La pluie avait cessé, les nuages avaient disparu comme par enchantement, et le ciel était aussi pur que notre ciel de France dans les plus belles journées de juillet. L’eau de la mer était d’un bleu pur, doux, sombre et profond  ; elle glissait sur les deux flancs du navire comme un velours épais largement chiffonné. Nous courions au milieu de ce golfe, le plus illustre du monde, qui vit naître et fleurir Athènes, Éleusis, Mégare, Corinthe, Égine, toutes les gloires de la Grèce. Nous laissions derrière nous l’île d’Égine et les montagnes de la Morée, dont les sommets couverts de neige se découpaient nettement sur le ciel  ; les rochers de Salamine se dressaient à notre gauche, aussi nus et aussi stériles que les rivages du Magne, et devant nous s’ouvrait une plaine de six lieues de long sur dix de large : c’est la plaine d’Athènes. Elle est fermée d’un côté par l’Hymette, une triste montagne aux formes rondes et molles, aux couleurs ternes et grises. Pas un arbre, pas un buisson  ; à peine peut-elle nourrir une centaine de ruches, qui font, comme autrefois, un miel délicieux. En face de l’Hymette se dresse le Parnès, qu’on dirait découpé par un paysagiste, tant les lignes en sont pures, tant le dessin en est hardi, tant les sapins qui le hérissent et la grande crevasse qui le coupe par le milieu lui donnent une sauvage et franche originalité. Entre ces deux montagnes, au fond de la plaine, s’allonge, en forme de fronton, le