besoin de cultiver autre chose, et le plus sage serait de planter des vignes de Corinthe sur toutes les terres du royaume. Mais une pareille imagination ne serait guère plus raisonnable que le projet de mettre en port de mer toutes les côtes de France. La consommation du raisin de Corinthe étant limitée par les besoins de l’Angleterre, la production doit s’imposer des bornes. L’expérience a déjà démontré que le prix de cette marchandise était en raison inverse des quantités exportées, et que, plus les vignes gagnaient de terrain, plus les fruits perdaient de leur valeur. Le raisin de Corinthe a subi, dans les dernières années, une dépréciation énorme, et, quoique la Grèce possède environ quatre fois plus de vignes qu’il y a dix ans, le prix total de la récolte est à peine doublé.
L’État doit donc encourager toute espèce de culture plutôt que celle du raisin de Corinthe, et modérer l’empressement des vignerons, qui, séduits par la perspective d’un gain considérable, empruntent pour acheter un champ, empruntent pour le planter, empruntent pour le cultiver, empruntent pour le vendanger, à un intérêt de quinze et de vingt pour cent, et, à force de travaux, de soucis et de peines, arrivent à faire baisser les raisins sur le marché de Londres !
La soie trouve son emploi dans tout l’univers civilisé ; elle est demandée sur tous les marchés du globe, et l’on n’en produira jamais assez pour une consommation qui fait des progrès tous les jours. La Grèce en peut produire beaucoup ; non-seulement elle a reçu du ciel un climat favorable à la