sont trop verts et bons pour les indigènes, qui les dévorent tels quels. « Ne serait-il pas possible de se procurer des pêches mûres ? demandais-je un soir à un Athénien.
— J’en doute.
— Mais sauriez-vous me dire pourquoi ?
— Nous n’avons pas de routes, et, si l’on transportait des fruits mûrs à dos de mulet dans nos sentiers, il n’arriverait au marché que de la marmelade.
— Mais, lui dis-je, j’ai remarqué que les fruits de Corfou, qui sont, sans vous offenser, beaucoup plus beaux que les vôtres, n’étaient pas beaucoup plus mûrs. Cependant on les apporte en voiture, sur des routes aussi égales et aussi douces que les allées d’un parc.
— Ah ! répondit le Grec, il y a encore une autre raison. Les cultivateurs n’ont pas d’argent, et ils ont des créanciers. »
Toute l’agriculture grecque en est là, il faut faire à tout prix de l’argent comptant.
L’an dernier un jardinier français vint à Smyrne. Il remarqua que les Grecs n’avaient pour ainsi dire point de légumes dans leurs jardins, et que tous les efforts de l’horticulture se bornaient à faire pousser des tomates. Il offrit à plusieurs propriétaires aisés de leur semer des asperges, assurant qu’ils en tireraient sans travail et sans frais un revenu considérable.
« Dans combien de temps ? dirent les Grecs.
— Dans quatre ans au plus tard.
— Êtes-vous fou ? Et croyez-vous que nous allons dépenser notre argent pour gagner quelque chose