grand par l’étendue, et non par le plan : c’est un jardin anglais, plein d’allées tournantes, sans une avenue de grands arbres. Un jardinier du temps de Louis XIV en serait scandalisé et s’écrierait que la majesté royale se compromet dans les allées de cette sorte. N’en déplaise au bon le Nôtre, le jardin de la reine est une jolie chose, et M. Bareaud, qui l’a créé, un habile homme.
Sans doute il eût peut-être été mieux de laisser le terrain comme il était, nu, inculte, brûlé et hérissé çà et là de quelques plantes sauvages. Théophile Gautier s’indignait qu’on eût semé des verdures dans un endroit si pittoresque, et gâté de si beaux rochers. Mais la reine voulait amasser autour d’elle des ombrages, des parfums, des couleurs, des chants d’oiseaux : on lui a donné ce qu’elle demandait.
Ceux qui ont passé trois mois d’été en Grèce savent que le bien le plus précieux et le plus digne d’être recherché, c’est l’ombre. On trouve dans le jardin royal des massifs où le soleil ne pénétrera jamais. La salle à manger du roi est une chambre à ciel ouvert entourée de galeries couvertes : les murs et les voûtes sont en rosiers grimpants, serrés, entrelacés, nattés ensemble comme le travail d’un vannier.
Par un de ces bonheurs qui n’arrivent qu’aux heureux, la reine a trouvé, en défrichant son jardin, les restes d’une villa romaine : quelque chose comme 200 mètres carrés de mosaïques. On a réparé une partie de ce précieux travail, on a détruit le reste, et la reine est en possession d’une immense galerie et de cinq ou six cabinets délicieux dont le pavé est