Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/123

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culture dont on espérait beaucoup dans le temps où l’on croyait encore au peuple grec. J’ai visité, avec Garnier et Curzon ce spectre d’école. Le sous-directeur était un jeune émigré italien, d’une grande famille de Florence. Il avait toujours eu la passion de l’agriculture, comme toute la jeune noblesse italienne, qui, faute d’avoir une patrie à adorer, se console en aimant la terre natale. Dans son exil, il était heureux d’avoir trouvé une occupation honorable et conforme à ses goûts ; mais il désespérait de son école, de l’agriculture grecque et de l’avenir du pays.

« Croiriez-vous, nous disait-il dans cette belle langue aspirée qu’on parle à Florence, croiriez-vous que cette école, la seule de ce genre qui soit en Grèce, ne compte que sept élèves ? Cependant le prix de la pension n’est pas trop élevé : 25 drachmes par mois ! Nous avons, comme vous le voyez, un bâtiment vaste et commode ; Capo d’Istria a donné à l’école des terres immenses ; la France nous a envoyé de beaux modèles d’instruments d’agriculture. Eh bien ! La maison est déserte, les instruments se rouillent, nos terres sont incultes : il nous est presque aussi difficile de trouver des ouvriers que d’attirer des élèves. Nous sommes réduits à faire travailler les femmes ; encore ne nous en vient-il pas assez. »

Nous étions arrêtés au milieu du jardin, auprès du laurier-rose que Capo d’Istria planta autrefois de ses propres mains. « Voilà, nous dit l’Italien, la seule chose qui ait prospéré. » Deux des sept élèves de l’école vinrent nous apporter des bouquets de roses. « Pensez-vous, demandai-je à leur professeur, que ces jeunes gens profiteront un jour de vos leçons ?