mers profondes. Vous espérez, quand vous l’aurez prise, réduire les citoyens en esclavage, et vous asseoir, les bras croisés, dans les palais bien bâtis. Mais, croyez-moi, si vous ne voulez pas vous préparer des repentirs amers, attendez, comme nous, le moment favorable. Attendez que Jupiter vous ait donné des chefs habiles et courageux, que Vulcain vous ait forgé des armes invincibles, et surtout que vous soyez deux contre un : car c’est là tout le secret de la guerre. »
On cite au bazar d’Athènes l’histoire d’un capitaine marchand qui aurait fait l’admiration d’Ulysse. Ce brave homme était né à Lisbonne ; il avait vendu sa cargaison, et de plus son navire. Ses matelots lui demandèrent : « Comment nous ramèneras-tu au pays ? Tu nous as promis de nous rendre au Pirée.
— Soyez tranquilles, répondit le capitaine, je me charge de tout. Vous serez bientôt en route. En attendant, voulez-vous faire un tour en mer ? J’ai vendu le navire, mais il me reste le canot. L’acquéreur m’a laissé un petit mât qui est encore bon, et une voile qui n’est pas trop déchirée. Je vous offre une promenade. »
Les matelots s’embarquèrent sans défiance. Il les conduisit, en flânant, à Gibraltar ; de Gibraltar il les transporta à Marseille, où il devait sans faute leur procurer un embarquement ; de Marseille il les mena voir Toulon ; de Toulon il les entraîna jusqu’à Gênes. Au bout de six mois, le canot entrait triomphant au Pirée.
Il y avait dans ce marin l’étoffe d’un diplomate. Il y a dans chaque Grec l’étoffe d’un marin.