Turcs, des facilités qui lui manquent aujourd’hui. Je veux citer un fait qui paraîtra incroyable à tous les peuples civilisés. L’île d’Eubée ou de Négrepont est tellement rapprochée du continent à la hauteur de Chalcis, qu’on a pu jeter un pont sur le détroit (l’Euripe) qui les sépare. Ce pont était mobile, au temps de la domination turque : il est fixe aujourd’hui. Les navires sont condamnés à faire un détour immense, et Chalcis, qui a été et qui devait être un entrepôt important, reste, faute d’un pont tournant, un médiocre village.
La Grèce possède un bon port : le Pirée ; deux rades excellentes à Salamine et à Milo. La rade de Syra est médiocre : elle n’est ni assez fermée ni assez profonde. Il y aurait peu de chose à faire pour la fermer : on ne fait rien. On trouverait à Délos un mouillage infiniment plus sûr : on n’y songe pas. On a laissé Délos se changer en désert et Syra devenir une grande ville.
C’est une chose curieuse que la fortune de Syra, qui est aujourd’hui l’île la plus commerçante de l’Archipel. Elle n’était rien qu’un rocher au commencement de la guerre de l’indépendance. Mais elle était catholique, et la France la protégeait. À l’abri de sa religion et de notre puissance, Syra, au lieu de souffrir de la guerre, en profita. Les persécutions exercées contre les Grecs lui envoyèrent des habitants ; la piraterie qu’elle exerçait impunément lui fit un capital ; elle confisqua pour les vendre les convois d’armes que nous adressions à la Grèce, et sur la misère du pays elle fonda sa richesse.
Le plus sérieux obstacle qui s’oppose aux progrès