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Pour t’y promener
Et les trois monastères

Pour y prier[1].




Nanna ou nanni est, comme notre mot dodo, une de ces onomatopées que personne n’explique et que tout le monde comprend.

Sur le seuil de cette pauvre maison, nous avions aperçu des costumes éblouissants et une famille de statues.

C’était, au premier plan, une jeune femme grande et bien faite, et d’une majesté presque royale. Ses yeux bleus nous regardaient avec une curiosité tranquille, comme ces grands yeux vagues des statues qui contemplent depuis vingt siècles la vie tumultueuse des hommes. Son visage, de l’ovale le plus fin, avait la pâleur élégante du marbre. Deux longues boucles de cheveux, qui tombaient naturellement le long de ses joues, allongeaient encore son visage et lui donnaient quelque chose de rêveur. Sa taille, qui n’était point gênée dans un corset, laissait deviner sa souplesse élégante et sa chaste vigueur. Ses mains et ses pieds nus montraient des attaches délicates à faire envie à une duchesse ; on voyait dans tout son être une telle fleur de beauté qu’elle eût embelli la plus riche toilette, sans pouvoir être embellie. Son costume, merveilleusement assorti à sa personne, décelait une coquetterie pleine de goût : on trouve dans ces campagnes autant d’habillements différents qu’il

  1. J’ai dit que l’ambition fait le fond du caractère de tous les Grecs. N’est-ce pas un spectacle curieux que cette paysanne qui promet Constantinople à son marmot ?