Les journaux sont à peu près toute la littérature du pays. Les quelques livres qui ont été imprimés en grec moderne sont des traductions du français : c’est Télémaque, Paul et Virginie, Atala, Picciola, etc. La littérature originale se compose de quelques tragédies enflées, de quelques odes emphatiques et de quelques histoires de la guerre de l’indépendance. Je ne parle pas des livres de théologie.
Les chants populaires publiés par M. Fauriel ont donné à croire à quelques lecteurs que tous les Grecs étaient inspirés, et que la poésie coulait à pleins bords dans ce beau pays. Mais il ne faut pas oublier qu’un bon nombre de ces chants soi-disant populaires ont été recueillis sur les albums des demoiselles de Smyrne. Plus d’un a été pensé en français et écrit en grec par un jeune raya qui avait fait ses classes. Les seuls chants originaux étaient les chants clephtiques, et la source en est tarie. La Grèce, telle qu’on la voit aujourd’hui, est un pays de prose.
Si le peuple n’est pas poëte, il est encore moins artiste. Tous les Grecs sans exception chantent faux et du nez ; ils n’ont ni le sentiment de la couleur, ni le sentiment de la forme ; ils ne sont ni peintres, ni architectes, ni statuaires. On peut avoir de l’esprit pour un million sans être artiste pour un sou.
Les voyageurs sont dûment avertis qu’ils ne trouveront pas dans le royaume une œuvre d’art signée d’un nom moderne, excepté, peut-être, quelques bâtisses agréables de M. Caftandji-Oglou.
Quant aux chefs-d’œuvre de l’antiquité, ils n’y sont pas innombrables. Toutes les peintures ont disparu,