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dire avec quel soin le peuple et le gouvernement conservent les antiquités.

Le gouvernement ne laisse rien perdre. Le soin des antiquités d’Athènes est confié au digne M. Pittakis, correspondant de l’Institut de France, et le plus honnête savant de son pays. M. Pittakis est né au pied de l’Acropole. Dès sa naissance, il aima d’instinct les monuments de sa patrie : enfant, il se glissait à l’Acropole et déchiffrait les inscriptions, sans tenir compte des sentinelles turques et des coups de pied qu’il recevait par derrière. Jeune homme, il fut de tous les combats et de tous les assauts ; le premier au feu, le premier sur la brèche, le premier dans l’Acropole, pour voir si l’on n’avait point brisé quelque colonne ou écorné quelque fronton. Vieillard, il se repose en courant d’un temple à l’autre et en protégeant comme un jaloux l’Acropole, ses amours.

Un poste d’invalides, antique et solennelle garnison, défend l’Acropole contre les mains dévorantes de ces touristes collectionneurs qui voyagent avec un marteau dans leur poche, et qui plaindraient l’argent qu’ils ont dépensé s’ils ne rapportaient pas le nez d’une statue pour l’ornement de leur château.

Le gouvernement interdit sévèrement le commerce et l’exportation des antiquités. Voilà tous les services qu’il rend à l’archéologie.

Les statues ou les fragments que l’on découvre sont entassés soit aux Propylées, sous la voûte du ciel, soit au temple de Thésée, sous un méchant toit. La ville n’a pas de musée. On conserve dans une petite mosquée, grande comme la main, les moulages de tous les marbres de lord Elgin. C’est l’Angleterre qui