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respect pour les canons, et tout le couvent planta là ses prières pour venir nous dire adieu.

L’hospitalité qu’on trouve dans les couvents est gratuite. Seulement il est de bon goût de donner cent sous aux moinillons, qui ne les refusent jamais, et de déposer une offrande dans le tronc de l’église : on a soin de vous le montrer.

Dans certains monastères, comme au Mégaspiléon, l’affluence des parasites est si grande que les moines ne donnent à leurs hôtes que le gîte, le pain et le vin. Ils vendent le reste.

Ce Mégaspiléon est le plus grand des couvents de la Grèce. On y compte environ deux cents moines de tout âge, qui couchent dans des chenils et mangent sur le pouce. La vogue de la maison est fondée sur une image de la Vierge, sculptée, dit-on, par saint Luc.

Le monastère, appliqué sur un énorme rocher creux, ressemble, par sa construction et par sa couleur, aux boutiques des marchands de macarons qu’on voit dans les foires. Il est construit en bois blanc. Chaque année, un artiste du cru élève quelque nouveau pavillon au-dessus de tous les autres, et un peintre de la maison le barbouille en rouge vif ou en bleu de perruquier.

La chambre du roi, où l’on nous avait logés pour nous faire honneur, est le chef-d’œuvre du genre. La décoration en est saugrenue sans être disgracieuse ; la vue est admirable. Nous dormîmes sur un large divan qui fait le tour de la salle. Les bons vieillards, c’est ainsi que les Grecs appellent les moines de tout âge, ne pêchent point par excès de propreté : on est mangé tout vif dans la chambre du roi.