tion. À minuit sonnant, le canon tonne, la musique éclate, toute la ville s’embrasse, les feux de Bengale s’enflamment, et chacun allume un cierge qu’il tient à la main. À ce moment la cour entre dans l’église. Le roi catholique et la reine protestante portent des cierges énormes ; les ministres et tous les hauts fonctionnaires en ont d’un peu moins gros, le menu du peuple se contente de cierges d’un sou. Les cérémonies durent deux heures et plus, au milieu d’une chaleur étouffante ; tout le monde est debout : j’ai vu un jeune homme de vingt ans s’évanouir de fatigue et de chaleur. Les femmes, perchées dans des galeries hautes, font pleuvoir la cire de leurs bougies sur la tête des hommes.
Les prières terminées, chacun court chez soi manger l’agneau. On n’attend pas jusqu’au lendemain. Plus d’un affamé apporte à l’église un petit morceau de viande ; qu’il dévore au dernier coup de minuit.
Le peuple grec aime le bruit, et les coups de fusil sont indispensables à son bonheur. Il pense, comme l’Arabe, qu’il n’est pas de belle fête sans poudre. Les fêtes de Pâques retentissent d’un feu de file perpétuel. Mais, comme le peuple a l’habitude de s’entre-tuer dans l’excès de sa joie, que le Pallicare oublie toujours une balle dans son fusil, et qu’il a souvent l’adresse de tuer son ennemi par maladresse, la police s’est mis en tête d’empêcher les fusillades de Pâques, au moins dans la capitale. En 1852, les magistrats d’Athènes avaient pris de telles précautions qu’ils répondaient de la tranquillité publique. Aussi nous fut-il impossible de fermer l’œil pendant deux nuits. On