viter au nom de sa majesté le roi, M. X… au bal du…
« On se réunira à huit heures trois quarts.
La lettre d’invitation ne fait pas mention du costume. L’habit noir est admis à ces bals, avec ou sans décorations ; mais la cour adore les uniformes, et tout étranger qui se respecte doit se munir d’un habit brodé. Un Français qui voulait être présenté déclara d’avance qu’il avait un uniforme. Le jour de la présentation, il vint en habit noir, alléguant que l’habit noir était l’uniforme des bourgeois de Paris. Peu s’en fallut qu’il ne fût mis à la porte.
Les officiers grecs endossent leur habit d’ordonnance ; le ministre de France, son secrétaire et ses attachés revêtent leur joli frac sobrement brodé de guirlandes d’or ; l’École française met son habit brodé de soie violette et d’or ; le ministre de Bavière s’enferme dans un grand habit rouge à plastron jaune, enrichi d’une paire d’épaulettes de colonel ; le ministre de Prusse se boutonne dans un frac bleu, tout brillant de passementeries ; le ministre d’Angleterre se coiffe d’un tricorne qui ferait recette au théâtre du Luxembourg ; le chargé d’affaires de Russie, qui est d’ordinaire un des cent soixante-six[1] chambellans de son empereur, se claquemure dans une carapace d’or qui le fait ressembler à une tortue californienne ; les consuls de toutes nations, sans excepter le consul du pape, qui s’habille en écrevisse cuite, arrivent dans tous leurs atours : chacun revêt les ordres dont il est
- ↑ Ordonnance de 1836. Léouzon Le Duc, Russie contemporaine.