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lettre. L’étranger qui ne sait pas rouler sa cigarette peut la faire faire par le maître de la maison, qui l’arrondit avec soin, la mouille copieusement, l’allume en fumant deux ou trois bouffées, et la donne à son hôte de l’air le plus gracieux du monde.

Le chibouk se compose, comme on sait, d’un fourneau de terre rouge et d’un long tuyau de bois foré par le milieu. Les chibouks les plus estimés sont en jasmin, en cerisier ou en moussah (arbre de Judée). On fait encore avec des branches d’oranger ou de citronnier des tuyaux élégants qui donnent à la fumée un goût délicieux. Le premier devoir d’un chibouk est d’être très-long et très-gros : dans les bonnes maisons, on fume de véritables gourdins. Tout chibouk qui se respecte est lavé et gratté intérieurement chaque fois qu’il a servi. Les bouts d’ambre ou de verre ne servent qu’à gâter la fumée en lui donnant de l’âcreté. Les vrais fumeurs mordent à belles dents le tuyau de bois parfumé. Le chibouk est apporté par un domestique, qui le fume, chemin faisant, pour le tenir allumé. Le tabac qui remplit le fourneau doit déborder alentour et retomber en grappes dorées. Cette frange s’appelle la crème du chibouk.

Le narghilé ne se fume plus guère que dans les cafés borgnes des environs du bazar ou dans les cabarets de village. Au reste, il n’est bon que là. Les meilleurs appareils sont ceux qui servent vingt fois par jour.

Les Grecs, à de très rares exceptions près, ne fument hors de chez eux que la cigarette. Ils la fument partout, même dans le foyer du théâtre,