qui est une affreuse tabagie. Les étrangers se permettent seuls le luxe du cigare. On vend chez les épiciers des cigares d’un sou qui viennent de Malte, et qui sont faits de je ne sais quelle plante, parente éloignée du tabac. Un marchand allemand vend des cigares de Trieste qui coûtent quinze, vingt et vingt-cinq lepta, et qui ne les valent point.
On rencontre quelquefois dans la rue un bourgeois qui s’avance le chibouk à la main. C’est l’exception, et cette habitude ne s’est guère conservée que dans les petites villes comme Syra, où les marchands se promènent en robe de chambre à ramages.
Les grecs ne prisent pas. Un très-petit nombre d’individus, qui ont contracté cette habitude, râpent leur tabac eux-mêmes. L’immense majorité du peuple a fini par donner raison à Aristote et à sa docte cabale.
Le café qui se sert dans toutes les maisons grecques étonne un peu les voyageurs qui n’ont vu ni la Turquie ni l’Algérie. On est surpris de trouver à manger dans une tasse où l’on espérait boire. Cependant on s’accoutume à cette bouillie de café ; on finit par la trouver plus savoureuse, plus légère, plus parfumée et surtout plus saine que l’extrait de café qui se boit en France.
Notre Petros est le premier homme d’Athènes pour le café. Il jouit d’une réputation colossale, que la guerre d’Orient va étendre encore. Je connais sur la mer Noire un bon nombre d’officiers de marine qui savent ce qu’il faut penser du café de Petros, et je présume qu’il s’occupe en ce moment à le faire