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compte des représentations extraordinaires et du chômage imposé par les divers carêmes[1].

Il n’est pas facile de donner à la société d’Athènes un spectacle qui soit compris de tout le monde. La comédie française serait inintelligible pour les neuf dixièmes de la société grecque. Les tragédies héroïques de M Soutzo seraient lettre close pour les dix-neuf vingtièmes des étrangers. Quelquefois on en donne une au carnaval pour les polissons de la ville, qui croient s’applaudir eux-mêmes dans les exploits de leurs pères. Pour tout concilier, on prend une troupe italienne qui crie comme elle peut la grosse musique de Verdi.

La salle est peinte à l’eau de colle avec une remarquable simplicité. Elle est construite comme les salles d’Italie, c’est-à-dire que la moitié du public des loges tourne le dos aux acteurs. Les actrices sont laides à faire plaisir, les décors usés à faire peine. On joue Nabucco dans un décor d’Ernani, qui porte en toutes lettres l’inscription du tombeau de Charlemagne :

Karolo Magno.

Les Grecs n’y regardent pas de si près. Ils adorent leur théâtre, leurs chanteurs et leurs cantatrices. Ce peuple raffole de musique : on recherche toujours ce qu’on n’a pas. La nation entière chante du nez sur un ton lamentable. Si elle appréciait autrefois le chant des cigales, c’est qu’elle le comparait au sien. Je n’ai rien entendu qui approchât de la musique

  1. Depuis la publication de ce livre (août 1854), les Athéniens n’ont pas eu d’autre spectacle que celui de nos uniformes.