populaire des Grecs, si ce n’est le nasillement saccadé des virtuoses chinois. Le peuple va donc au théâtre, et il applaudit passionnément les chanteurs toutes les fois qu’ils détonnent. Les admirateurs lancent sur la scène des bouquets et des couronnes ornées de rubans, comme le chapeau d’un conscrit. Souvent même la galanterie ingénieuse des dilettanti jette aux actrices des bouquets de pigeons vivants, liés à grand renforts de faveurs roses. Pendant ce temps, d’autres amis, placés au paradis, sèment dans la salle des papiers blancs, verts et roses, imprimés en lettres de toutes couleurs, et même, si je ne me trompe, en lettres d’or. Ce sont des vers grecs, italiens ou français, à la louange de l’artiste. Je crois pouvoir sans indiscrétion communiquer au lecteur une petite pièce de poésie française, imprimée sur papier vert-pomme, avec une couronne en tête. Ce sont les adieux d’un dilettante athénien à une jeune cantatrice demi-grecque, demi-italienne. Ce papier m’est tombé sur la tête un jour de représentation extraordinaire. De ma tête il a passé dans ma poche, de ma poche dans mon tiroir, de mon tiroir dans ce livre : puisse-t-il aller d’ici à la postérité !
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