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du théâtre. Quand le roi a la fantaisie de dîner en musique, le spectacle est retardé. Mme S*** avait, comme on peut croire, retenu l’orchestre un mois à l’avance. Elle ne pouvait l’avoir qu’à la fin du spectacle ; mais on lui avait promis de donner un très-petit opéra et de le chanter au galop. Par malheur, ou plutôt par malice, la commission de guerriers qui surveille la direction du théâtre fit mettre sur l’affiche un opéra des plus longs, intercala des morceaux dans les entr’actes, et menaça d’une grosse amende tout violon qui déserterait son poste.

On commença donc par danser au piano.

Il y a deux sortes de luxe dans un bal : celui qu’on y trouve et celui qu’on y apporte. L’un vient du maître de la maison, l’autre de ses invités. M. S*** avait fait pour le mieux. Il s’était procuré des fleurs, denrée assez rare à Athènes : il les avait prodiguées, ainsi que les bougies. Faute de parquet (il n’y a de parquet qu’à la cour) on dansait sur un beau tapis. La musique ne jouait pas les airs de l’hiver dernier, mais la vieille musique n’est pas la moins dansante. Les rafraîchissements étaient assez abondants pour qu’il en restât aux dames après que les hommes s’en étaient remplis. La seule chose qui manquât un peu, c’était la place. Mais on ne peut pas démolir sa maison pour donner un bal.

Les invités, de leur côté, avaient apporté tout ce qu’ils pouvaient. Les hommes n’étaient point parfaits (où le sont-ils ?) : on remarquait çà et là quelques habits fripés, quelques cravates blanches en tortillons et quelques gilets du siècle de Périclès. L’habit des officiers grecs est terne : ces épaulettes de fer-blanc,