qui sont les mêmes pour le sous-lieutenant et pour le colonel, et les maigres galons qui les accompagnent, n’ont rien qui éblouisse les yeux. Mais tout le monde (nous n’en sommes pas encore au souper) se comportait vraiment bien. La marine française n’était représentée que par un charmant petit aspirant, homme du monde et beau danseur ; la marine hollandaise avait député un gros garçon formidablement rouge, et dont le nez singeait la pomme de terre à s’y méprendre. Mme S*** aurait pu avoir chez elle un millier de foustanelles : elle n’en avait invité que deux ou trois. De ce nombre était le grand maréchal du palais, ce petit homme exotique dont le visage est coloré comme une tuile, et je crois même un peu tatoué. Les femmes étaient presque toutes serrées dans des robes de Mme Dessales, la couturière de la place Vendôme, qui fournit tout l’orient. Trois ou quatre Hydriotes montraient leur poitrine tombant en cascades dans leur chemise, suivant la mode du pays.
Il manquait à la fête la présence du roi et de la reine, mais on ne s’en plaignait point ; leurs majestés traînent partout avec elles le cérémonial de l’Allemagne, et la gaieté fuit par une porte en les voyant entrer par l’autre. Depuis la révolution de 1843, la cour a cessé d’aller en ville. Une seule fois j’ai vu le roi accepter une invitation : c’était à la campagne, chez le ministre de Bavière. Le bal fut très-joli : on dansait en plein air. Mais on ne s’égaya qu’après le souper, lorsque l’esprit d’égalité eut coulé dans tous les verres. On vit alors le ministre de la marine se promener devant ses souverains, le