chapeau sur la tête ; et l’on entendit le colonel Touret insinuer hautement au ministre de la guerre qu’il était un galopin. Retournons vite au bal de Mme S***.
Dès l’arrivée de l’orchestre, il se répandit dans le salon un vague parfum d’ail qui se précisa de plus en plus. C’est une odeur locale qui se retrouve dans presque tous les bals. On pense, dans le pays, que sans un peu d’ail les bals sont fades comme les gigots.
Je n’ai jamais vu de peuple qui dansât avec plus de furie que la bonne société grecque. Il est vrai que je n’ai pas voyagé en Espagne. Les femmes surtout sont infatigables. Si vous vous arrêtez un instant pour laisser respirer votre danseuse, vite un autre cavalier vient vous demander la permission de faire un tour avec elle, comme si c’était vous qui eussiez besoin de repos.
Ce qui brillait le moins dans le bal, c’est la conversation. Les Grecs civilisés savent assez bien le français, mais ils le prononcent mal. L’u leur coûte beaucoup à dire, le j leur écorche la bouche, l’e muet n’est pas dans leurs moyens, et certaines diphthongues rebelles leur restent obstinément au gosier. J’ai entendu un officier un peu fat qui disait, comme un gascon du théâtre : Zi souis céri des damouselles.
Le fond du discours n’est pas plus brillant que la forme. On vit sur de vieux cancans arriérés. L’histoire de Mme X***, qui s’est fait enlever dans une caisse, est toujours citée en exemple aux filles majeures ; on parle encore, en levant les yeux au