Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marchandises d’Europe qu’il leur donne au prix coûtant, après avoir prélevé un bénéfice de cinquante pour cent.

— En vérité ? Répondis-je. Je croyais qu’il n’y avait que les Russes pour faire si élégamment le commerce. Je connais à Paris une grande dame russe, veuve d’un gouverneur de Varsovie, qui possède à la Chaussée-d’Antin un fonds de marchande à la toilette, et qui recommande sa boutique dans tous les salons du faubourg Saint-Germain, où elle est reçue à bras ouverts. »

Vers deux heures du matin, on annonça le souper. Plus de quatre-vingt convives se mirent à table, et firent honneur au repas. J’admirais un luxe de damassé véritablement russe, et une très belle argenterie ; mais ce que j’admirais le plus, c’est la confiance de l’amphitryon, qui exposait des richesses pareilles aux mains de ses compatriotes. Les ennemis de la maison ont dû crever d’envie et d’indigestion.

Pendant que les invités buvaient du vin du Rhin, les domestiques étaient à sec dans une salle basse. Je trouvai en sortant le pauvre Petros que j’avais oublié d’envoyer se coucher, et qui m’attendait depuis neuf grandes heures, avec mon manteau sur le bras.

— « As-tu dormi ?

— Non, monsieur.

— As-tu mangé ?

— Non, monsieur.

— As-tu bu ?

— Non, monsieur, » me dit-il d’un air le plus