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crie bien fort : « Hé ! mon pauvre ami, que tu nous gouvernes mal ! » Le ministre répond : « On voit bien que tu ne tiens pas la queue de la poêle. »

La constitution n’admet aucune espèce de distinction nobiliaire, et elle fait bien.

Cependant il n’est pas rare d’entendre annoncer un prince grec dans les salons de Paris ; et les comtes grecs sont assez communs dans les hôtels garnis. Les comtes grecs peuvent être de bon aloi, mais ils viennent des îles Ioniennes et n’appartiennent pas au royaume de Grèce ; quant aux princes, ils n’appartiennent à aucune aristocratie, et ils se sont faits eux-mêmes ce qu’ils sont.

Tous les Grecs qui ont rempli sous la domination turque les fonctions temporaires d’hospodar ou de bey, c’est-à-dire d’administrateur, ont changé le titre qu’ils n’avaient plus contre le nom plus pompeux de prince. Leurs enfants et petits-enfants des deux sexes, pour être sûrs d’hériter de quelque chose, prennent à leur tour le titre de prince et de princesse. Si un sous-préfet destitué se décernait à lui-même le titre de prince, et si tous ses enfants se faisaient princes à leur tour, nous en ririons de bon cœur. Ainsi font les Grecs, et jamais ils n’ont pris au sérieux les principautés phanariotes dont Athènes est inondée. Les princes grecs ont deux sortes de cartes de visite. Sur les unes ils écrivent : Jean, Constantin ou Michel X… ; sur les autres : le prince X… ; les unes sont pour les Grecs, les autres pour les dupes.