Page:About - La Question romaine.djvu/194

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mand, et rapportaient toujours quelque chiffon de pays. Mais aujourd’hui que les princesses reçoivent leur dot en écus, on a recours à des moyens violents pour se procurer de l’étoffe ; on la fait prendre par des soldats ; et il y a de grandes taches de sang sur ce manteau d’arlequin.

Presque tous les États de l’Italie, le royaume de Naples, la Sardaigne, la Sicile, Modène, Parme, Plaisance, Guastalla ont été cousus tour à tour à la même pièce que la Bohême, la Transylvanie et la Croatie. Rome aurait eu le même sort si les excommunications des papes n’avaient pas fait casser le fil. En 1859, c’est Venise et Milan qui payent pour tout le monde, en attendant que la Toscane, Modène et Massa viennent se faire coudre, en vertu de certains droits de réversibilité.

Quelle n’a pas été la joie des diplomates autrichiens, le jour où ils ont pu, sans faire crier personne, jeter leurs soldats dans le royaume du pape ? Assurément l’intérêt de l’Église était le moindre de leurs soucis. Et quant à s’intéresser aux malheureux sujets de Pie IX, quant à réclamer pour eux quelques droits ou quelques libertés, l’Autriche n’y a pas songé un seul instant. La vieille Danaïde n’a vu que l’occasion de verser un peuple de plus dans son tonneau mal joint qui ne peut rien garder.

Tandis que l’armée française canonnait prudemment la capitale des arts, épargnait les monuments publics et prenait Rome avec des gants, les soldats autrichiens envahissaient à la Croate les admirables villes de l’A-