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Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/46

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et équipées comme des Anglaises en voyage. Derrière elles marchait un piéton que je n’eus pas de peine à reconnaître : c’était Dimitri.

Vous qui avez un peu couru le monde, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que le voyageur se met toujours en marche sans aucun souci des vanités de la toilette, mais que s’il vient à rencontrer des dames, fussent-elles plus vieilles que la colombe de l’arche, il sort brusquement de cette indifférence et jette un regard inquiet sur son enveloppe poudreuse. Avant même de distinguer la figure des deux amazones derrière leurs voiles de crêpe bleu, j’avais fait l’inspection de toute ma personne, et j’avais été assez satisfait. Je portais les vêtements que vous voyez, et qui sont encore présentables, quoiqu’ils me servent depuis bientôt deux ans. Je n’ai changé que ma coiffure : une casquette, fût-elle aussi belle et aussi bonne que celle-ci, ne protégerait pas un voyageur contre les coups de soleil. J’avais un chapeau de feutre gris à larges bords, où la poussière ne marquait point.

Je l’ôtai poliment sur le passage des deux dames, qui ne parurent pas s’inquiéter grandement de mon salut. Je tendis la main à Dimitri, et il m’apprit en quelques mots tout ce que je voulais savoir.

« Suis-je bien sur le chemin du Parnès ?

— Oui, nous y allons.

— Je peux faire route avec vous ?

— Pourquoi pas ?

— Qu’est-ce que ces dames ?

— Mes Anglaises. Le milord est resté à l’hôtel.

— Quelle espèce de gens ?

— Peuh ! des banquiers de Londres. La vieille dame est Mme Simons, de la maison Barley et C° ;