Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/403

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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t397 main : il lui semblait que l’aristocratie de Paris con¬ spirait contre elle, et que le marquis d’Outreville était le chef du complot. Si elle ne disait pas un éternel adieu au théâtre de ses mécomptes, c’était pour ne pas s’avouer vaincue. Elle persistait â frayer avec la noblesse, mais uniquement pour la braver de plus près : elle voulait fouler les tapis de la rue de Gre¬ nelle comme Diogène foulait aux pieds le luxe de Platon ! Elle ne revit ni Mme de Malésy ni ses autres débiteurs, excepté le baron de Subresac. Ce n’était pas qu’elie espérât de lui aucun service : elle s’était croisé les bras et n’attendait plus rien que du hasard. Mais le baron lui témoignait du bon vouloir, et c’est quelque chose, faute de mieux, que l’amitié d’un baron. M. de Subresac était très-vieux à soixante-quinze ans : à vingt ans, il avait été particulièrement jeune. avait dépensé, sans compter, sa vie et sa ’ortune, et ses aventures d’autrefois défrayaient encore les conversations intimes des douairières du faubourg. Malheureusement pour sa vieillesse, il avait oublié de se marier â temps, et i! s’était condamné à la soli¬ tude, cette froide compagne des vieux garçons. Relé¬ gué à un quatrième étage avec six mille livres de rentes viagères, entre un valet de chambre et une cuisinière qui le servaient par habitude, i i haïssait le logis et vivait dehors. Tous les jours, après déjeuner, il faisait sa toilette avec lacoquetterieminutieuse d’une femme qui prend de l’âge. On a prétendu qu’il mettait