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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/66

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60 LES JUMEAUX DE L’hÒTEL CORNEILLE. 4P Je demandai M. Bourgade , et aussitôt un valet de Thôtel partit devant moi pour me conduire. M. Bour¬ gade occupait un magnifique appartement au premier, sur la rue. Je compris son dédain pour les taudis de la rue Tra ver sine. Ce seigneur me fit attendre pen¬ dant dix minutes, que j'employai consciencieusement à pester contre lui. Je sentais, bouillonner en moi une vigoureuse indignation, dans le style de Jean-Jacques Rousseau. * Ah! faquin, disais-je à demi-voix , tu es H\t■ leur parent et tu loges à l’hôtel des Princes! Tu t’ap¬ pelles Bourgade, et tu fais faire antichambre ! Quand la porte s’ouvrit, e lâchai les écluses à ma rhétorique. J’étais jeune. C’est tout au plus si je pris la peine de regarder mon interlocuteur : mes yeux ne | jjl me servaient qu’à lancer des foudres. Je me présentai fièrement comme un vieil ami de Mme et de Mlle Bour¬ gade. Je racontai comment je m’étais introduit dans leur intimité, sans avoir l’honneur d’être de la fa- : 7\tI mille; je fis un tableau pathétique de leur misère, de leur courage, de leur travail, de leur vertu. Croyez ’ que je ne ménageais pas les couleurs et que je ne procédais point par demi-teintes! J’affectais de répé¬ ter souvent lé nom de Bourgade, et à chaque fois je le soulignais. Mon réquisitoire produisit son effet. M. Bourgade ne me regardait pas en face : il cachait sa tête dans ses mains, il semblait accablé. Pour l’achever, je lui appris la conduite de Mathieu ; je lui contai l’his-