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Page:About - Rome contemporaine.djvu/104

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était toute à la surface, et voici un fait à l’appui de mon hypothèse :

Un juif de Rome gagnait sa vie en cultivant la terre. Pour violer la loi d’une façon si flagrante il avait besoin d’un complice. Il trouva un chrétien qui, moyennant finance, consentit à lui prêter son nom. Mais la canaille des environs n’ignora pas longtemps que les récoltes appartenaient à un juif ; on les mit au pillage. Une sainte maraude s’organisa contre les blés et les maïs du pauvre Hébreu ; chacun croyait faire son salut en faisant sa main. Le volé n’osait ni se plaindre ni se défendre. Mais il se souvint fort à propos que les Français étaient à Rome et qu’ils y exerçaient une certaine autorité. Il sollicita de M. le comte de Goyon la faveur d’assermenter un garde qui dresserait procès-verbal au besoin.

M. de Goyon, toute politique à part, est un excellent homme. Il eut pitié de ce juif et promit d’obtenir pour lui ce qu’il demandait. Il fit plus ; il se transporta de sa personne chez S. Ém. le cardinal Antonelli.

Le cardinal ne dissimula pas qu’il était monstrueux de faire prêter serment à un chrétien dans l’intérêt d’un juif. Toutefois, comme on n’avait rien à refuser au plus ferme appui du saint-siège, on promit non-seulement de donner un garde assermenté, mais encore de le choisir.

On prit du temps pour le choix ; quelque chose comme un trimestre. La maraude allait son train, le juif n’osait plus rien dire, et le général, persuadé qu’il avait fait une bonne action, dormait sur les deux oreilles. Un beau matin, une voix timide l’éveilla en lui disant que rien n’était fait. Il repartit de plus belle et courut au Vatican pour la deuxième fois. L’autorité, mise au pied du mur, ne fit